Les lettres du cercle de Luroma

Ces lettres n'ont qu'un but : t'aider à trouver le courage de vivre ta vie plutôt que celle d'un autre.

Comme toi si tu es là, je cherche à progresser et je documente mon chemin, mes réflexions et ce que je mets en place dans ma vie à travers mes lettres.


Elles sont d’abord un travail d’introspection personnelle où mes pensées se transforment en actions concrètes.


Et j'écris des lettres, pas une newsletter pour pouvoir les donner à mes futurs enfants. Mais je crois qu'elles peuvent aussi t'être utiles.


Lettre #14 - Pourquoi aimons-nous tant nous faire souffrir ?

Capitaliser sur ses forces plutôt que ses faiblesses.


En France, on aime passer notre temps à nous autoflageller et à nous faire du mal.


Il y a quelques années, on voulait faire le Google français.


Aujourd’hui, on croit au Chat GPT européen.


Mais la bonne question à poser c’est : on en est où les gars ?


Qu’est-ce que ça signifie ? Et qu’est-ce que ça dit de nous ?


Pourquoi on veut jouer au jeu de la tech ? Jeu auquel on est vraiment nul.


Pourtant on essaie encore et encore de jouer à un jeu où l’on perd à chaque fois.


MAIS je crois qu’il y a une solution. ET il faut qu’on en parle.


MAIS laisse-moi commencer par te raconter une histoire personnelle.

Il y a quelque temps, j’étais au Laos et je me suis fait une amie.


Tu sais, Anna, de ma lettre sur les Linchpins, que je t’invite à lire.


Je lui ai expliqué que je travaillais la plupart de la journée à écrire des trucs sur Internet et que je prenais rarement le temps de déjeuner le midi.


Elle m’a alors invité à déjeuner le jour même.


Elle m’a dit que je pourrais travailler jusqu’à ce que ça soit prêt.


J’étais ravi de déjeuner avec mon amie.


Quelle surprise ça a été de déjeuner seul car je la cite : « Elle avait déjà mangé et qu’elle n’avait plus faim. »


Pire, elle ne s'est même pas mise à table avec moi.


Elle a continué ses trucs de son côté après m'avoir donné mon assiette.


Je me suis senti étrangement bizarre car ça sonnait “la petite Vietnamienne au Laos qui cuisine pour l’Occidental qui est servi.”


Mais ça, ce n’est que ma vision de français car ça n’est pas quelque chose qui aurait pu se passer en France.


Dans son esprit à elle, qui n’avait pas cuisiné depuis des semaines, c’était la plus belle attention qu’elle pouvait faire à un ami.


Elle était sincèrement heureuse de le faire. Elle n’a pas vu en quoi je trouvais ça malaisant.


C’est ma sensibilité d’Européen.


Quel enseignement peut-on tirer de cette histoire et quel est le rapport avec la Tech ?


J’ai réalisé une chose.


En tant que français, notre force est d’avoir eu cette éducation de l’hospitalité, ce sens du service, cet art de la table, cet art de vivre à la française.


C’est notre plus grand avantage compétitif sur le monde et nous devons capitaliser dessus !

Les autres pays nous l’envient.


C’est pour ça que la série Emily in Paris a si bien marché.


Paris fait rêver.


La France ça fait rêver pour ce côté luxe, services, gastronomie.


C’est aussi pour ça que Gabriel (eh oui je connais bien la série) n’est pas plombier mais restaurateur.


C’est pour ça que X est créateur de parfum et pas gérant d’une entreprise fabriquant des vis.


Travaillons sur ce service pour réaliser des belles choses.


Capitaliser sur ses forces plutôt que combler ses faiblesses.

Si tu as déjà voyagé et côtoyé des locaux, tu auras pu t’apercevoir qu’en fonction des pays dans lesquels tu te trouves, le mot hospitalité ou même le mot service, n’a pas la même signification.


En Asie du Sud-Est par exemple, on peut :

  • Te servir une bouteille d’eau sans emmener le verre
  • Ne pas venir nettoyer quand tu renverses ton café à table
  • Forcer pour mettre l’assiette d’un côté alors qu’il n’y a pas de place, juste parce que le serveur se trouve de ce côté-là de la table.

Et même en Europe, ces disparités sont grandes. Si tu vas à Berlin ou à Bruxelles, il n’est pas rare, voire même obligatoire de mettre soi-même la table.


Les gars, si je veux mettre la table, je mange chez moi. C’est quoi ça ?


L’avantage compétitif de la France c’est cette culture et ce sens du détail. C’est le luxe, le haut de gamme.

Ce n’est pas étonnant que les plus grandes maisons de couture soient françaises.


Et bien que le luxe ne soit plus ce qu’il était, il reste encore des endroits épargnés où la satisfaction client est plus importante que tout.


Les marques américaines l’ont d’ailleurs repris à leur compte.


Les marques américaines qui ont choisi la voie du service irréprochable et du produit de qualité perçu comme luxe sont les plus plébiscitées par les consommateurs.


Je ne connais que les utilisateurs de Samsung qui te disent qu’Apple est surcoté.


C’est grâce à ce marketing de privilège voire même de quasi-luxe qu’Apple est la première capitalisation boursière du monde.


La France devrait être le Vatican.

La France devrait capitaliser sur ses forces et devenir une puissance diplomatique, une force du soft power.


Ne pas laisser les autres raconter notre histoire.


La France devrait raconter sa version de l’histoire coloniale algérienne.


Elle devrait raconter son XIXème siècle, pas celui que les pays Africains aimeraient raconter.


Aujourd’hui elle devrait raconter l’histoire de ses maisons de luxe, elle devrait parler de ses palaces, de ses restaurants, de sa gastronomie, de ses vins, de ses châteaux, des lieux uniques.


Bref tu l’auras compris, de tout ce qu’on peut être fier.


Ne les concurrençons pas sur leur domaine.

Si tu étais handicapé moteur mais avec un QI de 160, tu t’orienterais plutôt vers un objectif de battre le record du 100m ou devenir le meilleur joueur d'échecs de ta ville ?


Là c’est pareil, il ne faut pas se battre avec les États-Unis sur l’armement.


Laissons les États-Unis dépenser plus en dépenses militaires que les 25 autres puissances qui les suivent dont 24 sont des alliés.


Ne répliquons pas les usines des pays en voie de développement.


Soit on fait de la qualité, soit on sous-traite.


C’est pour cela, qu’il faut plus se battre pour les fleurons de l’industrie comme Areva, Airbus ou ST Microelectronics que pour l’usine qui fabrique des vis.


Travaillons notre zone de génie, ce qui nous rend unique. Travaillons sur ce que les autres ne peuvent pas nous copier.

La France se bat sur le terrain d’excellence des autres pays car elle a honte de son passé.


L’âge d’or de la France : le XIXème siècle était un siècle où l’on osait réaliser des grandes choses.


On luttait pour des causes justes. On votait des lois pour défendre nos valeurs.


On n’hésitait pas à se sacrifier. On a bâti des belles et grandes choses dans des endroits où il n’y avait rien.


On a trouvé le remède contre la rage. On avait les plus grands écrivains et artistes de la planète (Victor Hugo, Guy de Maupassant, Zola, Monet, Manet, Seurat, etc.).


Notre ambition, à commencer avec Napoléon.


On cultivait notre intelligence qui nous donnait des ailes. On n’avait pas aussi peur de ce qu’on dirait de nous.


On avait confiance en nous.


Aujourd’hui, on voudrait tout oublier car on se voit comme du mauvais côté de la frontière entre le bien et mal, celui de l’oppresseur, du côté noir dans un monde en noir et blanc.


Mais je te le rappelle, le monde est gris.


Le monde est plein de nuance et on devrait se rappeler de notre passé glorieux.


Et donc, on ne veut plus oser, on ne veut plus se différencier, par peur de choquer l’autre, et d’être à nouveau vu comme étant des grands méchants.


Si on ne fait rien, il ne restera plus rien de notre Histoire car nous enlèverons chaque statue de chaque personne qui a un peu compté car il n’est pas 100% woke.


Et ceux qui refuseront de tomber dans cette facilité pourront continuer de jouer au jeu de la vie.


Prenons l’exemple de cette boîte qui s’est fait son trou en concurrençant la SNCF sur le service. Il y a de la place pour un service de qualité.


La SNCF balayée par une start-up ? David face à Goliath.

Quand celui-ci a combattu sur le terrain abandonné par la SNCF il y a longtemps : le service client.


Je pense que si tu as eu un problème avec la SNCF, tu sais à quel point leur service client est pitoyable.


Et Trainline l’a bien compris.


La société n’a misé que sur un service client de qualité pour concurrencer le géant au pied d’argile.


Et avoir un service client de qualité en cas de problème, ça fait toute la différence.


Il suffit de voir le Twitter de Trainline (anciennement Captain Train).

Les marques américaines en tirent encore profit.


Il n’y a que les actionnaires de Brico Dépôt qui prétendent qu’ils ont un meilleur service client qu’Amazon.


Et c’est d’ailleurs en partie pour le service client que les clients deviennent des clients récurrents voire même des ultra-fans hardcore.


Que peux-tu tirer de tout ce qu’on vient de dire ? 3 leçons.

1. Capitalise sur tes forces plutôt que chercher à combler tes faiblesses / Développe ta zone de génie.


On a tous des qualités et des défauts.


On a tous des forces et des faiblesses mais force est de constater que sur l’univers des possibles, on ne peut pas être bon partout.


Souvent on est (vraiment) bon dans 1 ou 2 domaines (max 3).


C’est souvent les domaines vers lesquels on a un penchant naturel et/ou dans lesquels on a passé le plus de temps.


Il n’y a pas de secret, on devient forgeron en forgeant.


Même des icônes comme Michael Jordan se sont démarquées en dédiant plus de temps et d'effort dans leur domaine de prédilection.


La renommée de la gastronomie française repose sur un héritage culturel et des traditions perpétuées de génération en génération.


Par contre, à l’inverse on est moyen ou nul dans tous les autres domaines.


Essayer de pallier nos faiblesses ne mène, dans le meilleur des cas, qu'à une performance moyenne dans tous les domaines et, dans le pire des cas, à des années de labeur pour des résultats médiocres.


2. En tant que français, fais en sorte d’avoir un produit ou un service de haute qualité car tu as ça dans ta culture.


Tu l’as compris, capitaliser sur tes forces marche au niveau individuel mais en tant que pays et citoyen, ça marche également.


Tu as été éduqué avec des représentations de luxe, d’hospitalité, de culture dans ton foyer. Capitalise dessus. Sois fier de ce que ça signifie.


Tu es le descendant d’ancêtres illustres, d’hommes et de femmes qui se sont battus pour que tu puisses être là avec ce niveau de confort.


Utilise leur enseignement pour toi-même, faire des grandes choses propres à notre pays.


3. Si possible, tout en ayant un service ultra-plébiscité.


Et comme les marques de luxe ou les plus grandes sociétés, pour tout pérenniser, travaille sur ton service client. Repense à Trainline vs. la SNCF.


Un service client, c’est assurer la pérennité de ton activité en maintenant captif des clients qui deviennent des fans car tu les chouchoutes tellement qu’aller à la concurrence reviendrait à baisser dans leurs standards.


Je conclurais par une citation du CEO de Dubaï, Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum.

« La seule véritable mesure du succès est la satisfaction du client. »


Ce qu’il faut retenir.

La France a une culture du service poussée à l’extrême : le luxe à la française, la culture et le sens du détail.


Mais la France a un problème avec son passé, elle en a honte et essaie aujourd’hui de faire ce que font les autres pour qu’on ne puisse rien lui reprocher.


Je pense que c’est une erreur car elle cherche à combler ses faiblesses plutôt que capitaliser sur ses forces.


Ce qu’il faut éviter.

Le piège de “combler ses faiblesses” condamne tous ceux qui l’empruntent, à être “juste moyen”.


Or être moyen ne suffit plus. C’est finir relégué en seconde zone. C’est être déclassé.


Et c’est pour cette raison, que beaucoup d’entre nous partent car ils ne reconnaissent plus leur pays.


Ils ne reconnaissent plus la culture française, le terroir, l’histoire etc.


Ils vont donc dans des pays en croissance, dans des pays qui ne sont pas l’ombre d’eux-mêmes.


Ce qu’il faut faire.

Pourtant il existe une solution : travailler sa zone de génie.


Se concentrer sur nos points forts, là où nous possédons un avantage compétitif, est la clé.


Or, en France, nous semblons avoir délaissé cette approche.


C'est la raison pour laquelle nous nous lançons dans le secteur des technologies au lieu de valoriser nos domaines de prédilection tels que le luxe (et son savoir-faire artisanal), la gastronomie, la culture, ou encore l'hôtellerie, qui représentent pourtant des atouts majeurs de notre patrimoine.


Mais ici ou ailleurs, tu resteras français que tu le veuilles ou non.

Ainsi, la conclusion est simple : va créer ton bout de France ici ou là. Tu peux prendre le meilleur des deux mondes.


Prendre ce qu’il y a de beau en France : son service d'excellence, son riche passé historique, ses terroirs variés, son patrimoine inestimable, et sa gastronomie renommée.


Ces trésors se prêtent merveilleusement bien à l'exportation, et avec succès qui plus est.


Tu peux faire mieux en étant ailleurs, capitaliser sur tes forces et oublier tes faiblesses.


C’est ainsi qu’on redorera le blason de notre pays qu’on aime tant. C’est ainsi par ses ambassadeurs à travers le monde que la France redeviendra une puissance diplomatique, rêvée et admirée.


Aujourd’hui ça aura été une lettre à la fois pour toi mais également pour ton pays, ta France chérie.


Et si tu ne me connais pas, salut, moi c'est Romaric.


Je suis un ex-banquier d’affaires qui a quitté son job pour vivre du web. Aujourd’hui, je vis en écrivant des trucs sur Internet.


Je suis comme toi, je cherche à progresser et je documente mon chemin, mes réflexions et ce que je mets en place dans ma vie à travers mes lettres.


Le but : me permettre de vivre ma vie plutôt que celle d’un autre.